La plaie atone est une plaie dont le tissu de granulation inflammatoire est déficient, entraînant un bourgeon charnu atrophique pauvre en capillaires sanguins(1). L'évolution de ce type de plaie ne correspond pas au processus habituellement suivi par une plaie en cours de cicatrisation. Une réadaptation de la prise en charge et une limitation des facteurs de risques représentent les deux leviers sur lesquels les soignants peuvent agir.
À partir de quand peut-on parler de plaie atone ?
La durée de cicatrisation d'une plaie varie en fonction de très nombreux critères :
- temps de cicatrisation de la plaie : les plaies aiguës auront une cicatrisation plus rapide (approximativement un mois(2)) que les plaies chroniques (après 4 à 6 semaines d’évolution, selon son étiologie(3)). Les plaies profondes évoluant en cicatrisation de 2ème intention (rapprochement des berges impossible) mettront plus de temps à guérir que les lésions superficielles;
- l'état de santé du patient : l’altération de l’état général du patient peut freiner le processus naturel de cicatrisation. De nombreuses pathologies associées aux plaies chroniques constituent un facteur de risque de retard de cicatrisation;
- les habitudes de vie du patient : le tabac, la sédentarité, l'alimentation déséquilibrée sont autant de facteurs de risque susceptibles d'entraver l'évolution normale de la plaie;
Pourquoi une plaie stagne ?
La cicatrisation en 2ème intention se déroule normalement en trois phases distinctes : la détersion, le bourgeonnement et l'épidermisation. Cependant, de nombreux facteurs physiopathologiques peuvent entraver et ralentir le processus de cicatrisation :
- le diabète : l'hyperglycémie augmente le risque d'anomalie leucocytaire;
- le tabac : il est responsable d'une baisse de l'oxygénation des tissus, et peut également causer des troubles de la coagulation;
- les carences nutritionnelles : certains déficits vitaminiques, notamment, altèrent les phases de cicatrisation en réduisant la production de collagène;
- certains traitements : les radiations ionisantes, par exemple, limitent les échanges gazeux au niveau des vaisseaux; tandis que les anti-inflammatoires non stéroïdiens transforment le métabolisme du collagène;
- les troubles vasculaires;
- les œdèmes et les hématomes;
- …
Que faire en cas de plaie atone ?
Lorsqu'une plaie — aiguë ou chronique — ne suit pas le cours normal du mécanisme de cicatrisation, il est impératif de réagir. La première des actions à mener, c'est de réévaluer le diagnostic posé, notamment s'il s'agit d'une plaie chronique. S'il s'avère que la plaie est véritablement atone, le plan de traitement initial doit également être revu, en contrôlant le choix du pansement ainsi que les conditions de son application.
En outre, la maîtrise des facteurs de risque d'une mauvaise cicatrisation doit faire l'objet d'un réexamen :
- meilleure gestion de la pression en cas d'escarres;
- amélioration de la prise en charge du diabète;
- prise en charge de l'insuffisance veineuse par le port de moyens de compression;
- modification du mode de vie (tabac, alimentation déséquilibrée…);
- prise en charge du prurit à l'origine de grattage…
Quel pansement pour une plaie atone ?
Le pansement à appliquer sur une plaie doit être choisi en fonction de son étiologie, l’aspect de son lit et de la peau péri-lésionnelle. Celui-ci devra favoriser la cicatrisation, absorber l’excès d’exsudat, protéger les berges de la plaie, être imperméable aux bactéries et à l’eau mais perméable aux échanges gazeux.
Il devra également être conformable et confortable, non adhérent à la plaie et indolore au retrait afin de proposer au patient une cicatrisation en douceur.
Pour une plaie atone, généralement sèche, il est recommandé d’utiliser des pansements riches en eau afin de maintenir la plaie en milieu humide, favorable à la cicatrisation :
- pansement lipido-colloïde : ce pansement associant particules hydrocolloïdes et vaseline accélère la cicatrisation et évite l'adhérence à la plaie(4);
- pansement à base d’acide hyaluronique (compresses ou crèmes imprégnées) : relance la cicatrisation des plaies atones, stimule la production de collagène(4) et maintient l’homéostasie cutanée(5). À changer quotidiennement;
- pansement bioactif : favorise la cicatrisation grâce à un principe actif (Acide hyaluronique, Collagène, cellulose, facteurs de croissance, miel)(4);
- hydrogels : gels contenant plus de 50% d’eau et des adjuvants permettant d’hydrater la plaie et de dissoudre les tissus nécrotiques secs ce qui facilite la détersion(6).
- Collège Français des Pathologistes, Pathologie générale, Enseignement thématique Biopathologie tissulaire, 2ème édition, 2012 — https://ia800709.us.archive.org/14/items/PathologieGnrale/Pathologie%20g%C3%A9n%C3%A9rale.pdf
- CHUV, La plaie, 2018 — https://www.chuv.ch/fileadmin/sites/dso/documents/Methodes_de_soins/MDS_PLAIES_La_plaie.pdf
- HAS, Les pansements Indications et utilisations recommandées, 2011 — https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2009-01/pansements_synthese_rapport.pdf
- ADIPH, Classification des pansements, 2015 — https://www.adiph.org/rechercher?task=download&file=seb_media_file&id=64518
- Dr Durox Hélène, Quel pansement pour quelle plaie ?, 2010 — https://www.infectiologie.com/UserFiles/File/medias/enseignement/gericco/quel_pansement_pour_quelle_plaie-gericco2010.pdf
- OMEDIT Grand Est, Quels pansements pour quelles plaies chroniques ?, 2017 — https://www.omedit-grand-est.ars.sante.fr/system/files/2017-10/quel%20pansement%20pour%20quelle%20plaie.pdf
Réf: s300520224